Accueil collectif des parents en deuil à Morlaix, Brest et Quimper : des permanences pour soutenir les familles

L’association Parentel propose depuis de nombreuses années un accueil collectif pour les parents en deuil. Cette permanence en place à Brest, Quimper et Morlaix offre aux familles qui ont perdu un être cher un espace pour échanger avec d’autres personnes dans la même situation en présence d’un psychologue.

Pour accompagner les familles autour de la perte d’un proche (bébé, enfant, conjoint·e, autre membre de la famille), l’association Parentel propose depuis de nombreuses années une permanence pour les parents en deuil à Brest et Quimper étendue aujourd’hui également à Morlaix.
Hugues Renaud, psychologue clinicien, accueillant sur Brest et Morlaix, présente ici les contextes, interrogations... que rencontrent ces parents et personnes affectés par le deuil et qui les guident vers les permanences mises en place par Parentel.

Toutes les morts ne se ressemblent pas. Il y a celles que l’on accueille comme pluie qui tombe, celles dont on se surprend à désirer la venue, celles à qui l’on songe comme à l’extinction du soleil, celles dont on s’efforce d’oublier l’inéluctable et il y a ces morts proprement impensables parce qu’elles contreviennent à l’ordre du monde. Comment concevoir que la rivière puisse refluer vers sa propre source ou qu’un être meurt avant d’avoir même vécu ?

Morlaix et Quimper : pour les parents qui ont perdu un enfant
À Morlaix ou Quimper les parents qui viennent parler de la perte de leur bébé cherchent à dire cette collusion entre un évènement tellement improbable qu’il en devient irréel et une virtualité qui de se voir ainsi couper les ailes prend soudainement corps.
Pères et mères viennent ainsi raconter la douleur d’une promesse dérobée, de toutes ces choses qu’ils avaient rêvées et anticipées, qui auraient dû leur arriver et qui leur ont été subtilisées dans un insoutenable arbitraire.
Chacun vient dire, à mi-voix, l’envie, la colère, le dépit, le dégoût, la honte, la tentation de la pensée magique pour donner du sens à ce qui n’en a pas, la recherche de procès à intenter, contre soi-même, l’autre parent, les autres, proches ou lointains, le corps médical, le destin...
La mort dans son silence obstiné accable de questions les vivants : Cela ne devait pas arriver, alors pourquoi à nous ? Qu’avons-nous avons fait ?

Face à l’insensé, reviennent les questions d’enfants. Que faut-il faire ou ne pas faire pour ne pas affecter les frères et sœurs, actuels ou à venir, de ce trou béant qui défigure désormais le couple ?
Que restera-t-il d’ailleurs de ce couple après la tempête ? Comment se parler lorsqu’un semble avoir besoin de silence et l’autre cherche à remplir l’indifférence du monde de cet être qui ne pourra jamais exister ? Comment supporter la douleur de l’autre sans pouvoir l’apaiser ?
Comment cessez d’avoir mal ? Combien de temps encore ? Que faut-il faire pour "faire son deuil" ?
Comment faire cesser ces questions qui se cognent comme un animal apeuré contre les parois resserrées de ce moment figé ?

Les personnes endeuillées qui viennent se parler à Parentel partagent cette question de savoir comment faire désormais avec autrui.
Des parents peuvent-ils légitimement se nommer comme tel alors que leur enfant n’est plus ? Quoi dire aux collègues ou voisins à qui ils avaient annoncé l’arrivée ? Comment recevoir leur compassion feinte, leur embarras avéré ou leur pitié mal dégrossie ? Faut-il compter le mort dans la fratrie ? Que peut en entendre l’administration dans sa logique binaire ?
Comment se réjouir de la venue prochaine des enfants d’autrui ? Comment éprouver de la sympathie pour la joie des parents dont la fille vient d’obtenir son bac ou compatir à leur inquiétude devant l’échec de cette dernière ?

Comment faire avec les silences gauches et les propos maladroits, plus que jamais sujet à interprétation ? Souvent la même d’ailleurs, l’autre ne prend pas la mesure ce que traverse l’endeuillé. La preuve en est : ses allusions légères à une date, un lieu, un prénom, un mot qui de proche en proche rappelle le décès.
Tout montre que les autres oublient, que leur compassion s’évapore, voire qu’ils regardent la douleur de l’endeuillé avec circonspection. Quand va-t-il enfin en sortir se demandent t’ils ? Quand va-t-il « faire son deuil » ? La suspicion s’établit ainsi de part et d’autres. Pour l’un il devient clair qu’il est déconsidéré par ses proches, et même l’a-t-il été un jour ? Pour les autres, il devient clair qu’il ne veut pas s’en sortir, qu’il s’agit d’un « deuil pathologique », qu’il devrait « aller voir un psy »,…

À Brest : une permanence pour ceux qui ont perdu un proche
Et puis il y a des chagrins plus légitimes que d’autres. Ceux qui entourent le décès d’un adolescent, d’un parent de 95 ans ou d’un bébé de quelques jours ne reçoivent pas les mêmes justifications. Il y a des durées plus acceptables, des attitudes plus convenables, dévoilant ainsi que le processus de deuil se déroule dans un espace chargé d’attentes qui vont influer sur la manière dont chacun va faire avec ses morts.
Sur Brest les personnes viennent ainsi demander à d’autres qui ont perdu leur conjoint, une sœur, ou un grand-parent, comment ils font pour surmonter cette épreuve, si leur réaction est « adaptée », s’ils doivent ou non conserver des photos et des lettres du défunt, s’ils doivent pardonner, chercher à faire lumière ou laisser s’enraciner les ombres.
Certains sont pris dans la tentation de s’abandonner au mort, si ce n’est de le rejoindre, du moins d’enserrer leur fantôme dans un mariage indissoluble au risque de se couper de tout et de tous. Demandant ainsi ce qui a encore de la valeur ici-bas.
Pour d’autres la douleur s’estompe, bien que s’inquiètent de faire affront au mort par leur oubli. La douleur n’était-elle pas le prix à payer pour les fautes inévitablement commises envers lui ?
Pour d’autres encore elle se transforme en une tristesse qui les suit comme une chute de vélo qui se rappelle à soi par temps humide. Mais il ne pleut pas tous les jours…, même en Bretagne.

Des espaces pour avancer
Dans ces espaces, il s’agit aussi autant de parler de soi en faisant le pari d’une écoute plus favorable qu’ailleurs, que d’écouter le cheminement des autres, afin de comprendre, se rassurer, trouver des points d’appui, se retrouver dans l’expérience des autres, quitter la solitude de son tourment et cette peur de devenir fou.
Si perdre un proche est une épreuve éminemment singulière, elle ne doit pas être traversée seul·e. De tout temps et dans toutes les cultures, bien que de manière différente, les communautés ont accompagné leur membre confronté à la mort afin de tempérer leurs douleurs comme leurs excès.
Les accueils collectifs des parents en deuil sur Best, Morlaix et Quimper participent de cet accompagnement en inscrivant le deuil dans une expérience commune, afin de contenir la tyrannie que chacun peut instaurer avec lui-même et tenter à plusieurs de penser l’impensable et dire l’indicible.
Se retrouver en d’autres et avec eux suscite des allégements, un assouplissement dans la psyché, qui peuvent se traduire par des rires et le retour de conversations sur l’ordinaire.
À tout moment les participants peuvent entamer ou poursuivre un travail personnel avec les psychologues de Parentel en parallèle ou non de leur venue à ces temps d’échanges.

En pratique
Une réunion une fois par mois sur chaque site. Il ne s’agit pas d’un groupe de parole (où d’ordinaire s’y engagent les mêmes personnes sur une ou plusieurs années) mais d’une permanence d’accueil. Chacun peut venir une fois ou autant que nécessaire, quel que soit le temps écoulé depuis le décès, seul ou en couple, et choisit de rester ou non sur toute la durée de la réunion.
Ces temps sont gratuits et animés par un psychologue exerçant à Parentel.
- Brest : le troisième samedi de chaque mois de 10h à 12h pour toute personne endeuillée d’un membre de sa famille (conjoint(e), frère/sœur, fils/fille, grands-parents,…)
- Morlaix : le premier vendredi de chaque mois de 12h à 13h30 pour tout parent endeuillé d’un bébé né ou à naître.
- Quimper : le deuxième samedi de chaque mois de 11h à 12h30 pour tout parent endeuillé d’un enfant, quel que soit son âge.

Renseignements : Parentel 02 98 43 21 21